Passer 20 ans de sa vie avec la même personne, cela semble pour certains une éternité, pour d’autres une gageure, pour d’autres encore un enfer ! Pour moi, ce fut une belle aventure dans toutes les acceptions du terme : pleine de rebondissements tout autant que de périls, et riche d’enseignements.
Elle a commencé à l’aube de l’âge adulte, quand je faisais mes études à Paris, ce moment où l’avenir est grand ouvert devant soi et tous les rêves permis… mais une période où j’étais encore un être en devenir, post-adolescente imbibée de la chaleur du foyer parental, mal assurée dans cette Capitale peu familiale et plutôt effrayée de pénétrer dans le monde des adultes !
Les débuts ont été difficiles, à cheval sur des relations sentimentales déjà en place. Le choc des cultures aussi, lui parisien du 9-5 à l’aplomb insolent et au débit de paroles infernal (je comprenais une phrase sur trois quand il parlait…), moi la provinciale du Sud à l’allure décalée et démasquée par mon accent dès que je prononçais les couleurs de ma région (jaûne, aurânge ). Nos personnalités enfin, très différentes et affirmées, luttant sans cesse pour exister l’une en face de l’autre.
Nous avons construit en parallèle notre vie sociale et professionnelle, comme il se doit dans le schéma classique de développement des individus : les engagements militants, la com’, les sorties culturelles, les soirées entre potes…
Au bout de deux, trois ans, l’histoire a failli capoter. Crise de transition qui a trouvé son point d’orgue une froide nuit d’hiver que nous avons passée à parler, pour se retrouver finalement au petit matin devant l’implacable question : « Est-ce qu’on continue ou on arrête ? ». Nous avons choisi la première option, avec l’engagement réciproque de reprendre le cours de l’histoire d’un tout autre pied. Un romantique week-end à Étretat a scellé ce pacte face à la Manche et aux goélands.
On repart, et puis après ?
La trentaine arrivant ont surgi les premiers questionnements existentiels : quel travail, pour faire quoi ? Quel rythme de vie ? Quel lieu d’épanouissement ? Le Sud me manquait, lui était partant pour la nouveauté : nous avons fait nos bagages pour aller s’installer à Marseille. On dit que la vie est plus belle au soleil… Ça peut. Ou pas !
Nous avons traversé des périodes de fortes turbulences au niveau professionnel et amoureux. Mais bien que tanguant, le bateau ne prenait pas l’eau, porté par une indéfectible confiance en l’amour et la capacité de deux êtres à se sortir de tous les périls grâce à leurs forces cumulées.
Un beau bébé est ensuite arrivé, après moults tergiversations de ma part, me consacrant mère à l’âge avancé de 36 ans ! Là encore, la partie n’était pas gagnée… Sorti des clichés de papa et maman complètement épanouis face à leur magnifique progéniture, la réalité est bien plus complexe : il faut faire de la place à ce nouvel arrivant, revoir le temps et l’espace du couple au sein de cette triangulaire aux côtés inégaux. Pendant ce temps-là, insidieusement, la relation s’étire, se délite, s’abîme du manque de soins.
Quand le temps fait son œuvre
Et la vie poursuit indubitablement son œuvre. Monsieur complètement absorbé par un travail qui le passionne, Madame approchant la quarantaine avec un mal-être grandissant et une sensation de vide persistante… On ne trouve plus les mots pour se rejoindre, les trajectoires s’écartent petit à petit, jusqu’à ne plus s’harmoniser. Nous avons alors décidé de nous séparer, en bonne entente.
Aujourd’hui, j’ai signé les papiers du divorce, seule… Je ne regrette rien car tout ce qui a été vécu l’a bien été, le bon comme le mauvais, dans un respect constant et un échange nourrissant. Comme tous les gens que j’ai aimés, le père de ma fille est bien installé dans mon Panthéon intérieur et y restera jusqu’à la fin de cette vie (et peut-être de la suivante !). Je tiens à le remercier ici de tout ce chemin parcouru ensemble, une belle aventure qui constitue l’un des fondements de ma vie d’aujourd’hui.
À lire, ce livre magnifique de Christiane Singer : Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies
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