La Clinique… pour une nouvelle philosophie du lit !

« Ah, c’qu’on est bien, quand on est dans son… lit ». Voici une jolie petite ritournelle que j’adapte à ma façon au moment où me vient l’image de ma literie garnie ! J’aime ce moment précieux où, après une longue journée remplie de mille activités, debout, assise, statique, en course…, je soulève ma couette et me glisse sous les draps avec un soupir de soulagement, poussant dans un râle d’extase un : « Aaaah, enfin dans mon lit bien-aimé ! ».

Le corps s’abandonne, épousant les formes du matelas ; les cheveux s’étalent sur l’oreiller moelleux ; tous les muscles s’affaissent, soulagés de ne plus être en tension ; l’esprit se relâche, sachant son office terminé. C’est le pied ! Presque aussi bon qu’un massage à l’huile ou une gourmandise sexuelle…

Ce n’est pas que je sois fainéante ! Je peux donner ce qu’il faut quand je suis sollicitée ou engagée dans une action qui me tient à cœur. Mais passées les 16 ou 17 heures d’activités diurnes, j’estime que j’ai rempli le contrat et que je peux déposer armes, bottes de sept lieux et côte de mailles. Le lit devient alors ce territoire de conquêtes nocturnes, à l’assaut des rêves et cauchemars les plus fantasques, mon corps lourd et fatigué s’envolant tel un ectoplasme couleur de lait. Le monde de la nuit s’ouvre à moi, terra incognita où mon esprit vagabonde jusqu’au petit matin avant de revenir sagement réintégrer sa demeure de chair et de sang.

Adeptes du poireau contre chasseurs de pêche !

D’aucuns brandiront le spectre de l’activisme, considérant le passage au lit comme une perte de temps regrettable dans le flot de leurs activités et retarderont par mille supercheries et vaines occupations le moment d’aller s’allonger. D’autres avaleront vite fait le petit cachet qui les fera tomber dans un sommeil sans rêves, en espérant passer sans encombres cette « petite mort ». D’autres encore transformeront ce havre de paix en bureau déporté, entourés de leur portable, livres, dossiers, petits papiers…, un œil sur l’écran du téléphone, l’autre sur le JT passant en boucle sur la télé accrochée en face du lit, le bas de l’image caché par le bout de leurs doigts de pieds déchaussettés !

Vers une sagesse r-allongée…

Moi, je revendique ce droit à l’abandon et à la volupté du coton ! Tel cet article écrit il y a quelques années par Ariel Wizman, intitulé « La glande », qui vantait les mérites des coach potatoes et autres adeptes du poireau, contre les sur-vitaminés qui ont toujours la pêche ou la banane… Dans une société en constante accélération qui porte aux nues la productivité et le « toujours plus », le lit est un îlot vertueux qui nous accueille tel que l’on est, sans critique ni reproche, comme le panier accueille son chien-chien, avec bienveillance et neutralité.

Du fin fond de l’Antiquité d’ailleurs, on mangeait allongé. En Grèce, c’était le privilège des hommes libres et l’on pensait que cette posture favorisait la détente et la discussion. Philosopher au lit, sans but ni pression, voilà une bonne idée ! Après le Lycée d’Aristote et l’Académie de Platon, je propose une nouvelle école à penser qui s’appellerait « La Clinique » : du latin clinicus, alité, couché. Pour une nouvelle sagesse de vie : réfléchir à tête reposée pour coucher des idées neuves ! Car, comme l’a dit si espièglement Voltaire : « Le lit découvre tous les secrets »

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